Beyond Good & Evil 2 avait officiellement été annoncé en mai 2008 par Michel Ancel. La déclaration s'était accompagnée d'un trailer in-engine, comprenant deux personnages du jeu original, Jade et Peyj. Un an plus tard, un autre trailer fuitait montrant cette fois-ci Jade fonçant tête baissée dans une rue bondée. Tandis qu'Ancel confirmait qu'il s'agissait d'un réel trailer, Ubisoft niait le fait d'avoir sorti les images de manière intentionnelle.
Cela fait désormais neuf ans depuis que le jeu a été annoncé comme officiellement en développement, et nous n'en avions que très peu entendu parler depuis. Ancel et Ubisoft répétaient inlassablement que le jeu était toujours en développement, sans qu'aucune annonce ne soit faite. Tout le monde supposait donc qu'il prenait le chemin, à l'époque qu'était celui de The Last Guardian et Half-Life 3.
Puis, en 2016, Ancel annonçait qu'Ubisoft Montpellier avait arrêté de travailler sur BG&E2 pour développer Rayman Legends. Il était cependant notifié que le travail fait sur Legends les aideraient à développer BG&E2. Vers la fin de cette année, Ancel publiait sur les réseaux sociaux des images du jeu, nous montrant un Pey plus jeune. Ubisoft confirmait peu après l'exigence du jeu. Durant la présentation d'Ubisoft à l'E3 2017, nous avons pu voir le premier trailer du jeu depuis presque 10 ans.
Le trailer débute en nous montrant un cochon anthropomorphique dans un restaurant, assis face à un singe. Un marché semble être à l'œuvre, incluant un disque de la part du premier, Zhou le cochon, et une statue pour le second, Knox le singe. Quand Zhou se rend compte que Knox l'a dupé avec un faux, le singe s'aidant d'un grappin s'extirpe du lieu par une fenêtre donnant sur le toit avant d'utiliser un jetpack. Sur le haut des immeubles, en fuite, Knox tombe sur une humaine du nom de Shani, qui l'attend sur une moto volante. Le reste du trailer est constitué de scènes montrant la fuite du duo, évitant les missiles, avant d'attendre un vaisseau qui semble être leur QG. Un immense vaisseau, habité par de nombreuses et diverses espèces de créatures hybrides, à demi-humaines.
Ubisoft a sorti une vidéo d'explication du trailer où Ancel explique tous les détails présents dans le trailer. Par exemple, dans l'univers de Beyond Good & Evil, les cochons sont considérés comme supérieurs aux singes. Zhou fait référence aux maîtres et esclaves, et se moque de Knox lorsque celui lui explique qu'il est pressé à cause d'un « rendez-vous chaud ». Ancel continue en expliquant qu'un système social est en place entre les créatures hybrides. Une culture et une religion se sont même développés. La statue que Knox représente une divinité cochon nommée « Peyjin ». Cela expliquerait l'origine du nom de notre ami du premier opus Peyj, de la même manière que Mohammed tire son origine de l'Islam et Pierre du Christianisme.
Dans une interview exclusive avec notre équipe E3, Ancel a expliqué que la diversité et la culture est un des points principaux qui explique leur intérêt d'explorer le monde de Beyond Good & Evil 2 :
"Beyond Good & Evil a toujours été proche de la réalité d'une certaine manière, en évoquant l'investigation, la propagande, le contrôle des médias et bien d'autres domaines. BG&E1 est sorti à une période particulière, marquée par le 11 septembre et il était assez similaire à la réalité, même s'il se déroule dans un monde fantastique » explique Ancel. « Je pense que c'est la même chose pour BG&E2. Nous souhaitons présenter la diversité des personnes à travers la planète, la variété culturelle etc. Nous pensons que parfois les jeux sont un peu trop axés sur des cultures accidentelles. Nous avons pour notre part collaborer avec des personnes tout autour du monde, pour présenter cette diversité comme une puissance, une opportunité. Nous n'imaginons pas un monde où tout le monde se ressemblera, mangerait la même chose et parlerait la même langue. Nous avons donc façonné un monde qui mélangerait toutes ces diversités et construirait des liens entre elles."
La religion semble, dans le monde de Beyond Good & Evil, plus importante que dans le nôtre. Lors de la fuite de Shani et Knox à travers la ville, un des premiers monuments perceptibles est une énorme statue, apparemment une statue religieuse, semblable à Brahma, un des dieux vénérés dans l'Hindouisme. Dans l'explication du trailer, Ancel explique que la ville de la bande-annonce était à l'origine sensée être plus futuriste, mais qu'il souhaitait un thème plus spirituel. Il évoque ainsi les moines profitant d'une nature paisible sur les jardins des toits, et explique qu'il n'y a pas la moindre publicité après qu'on ait atteint une certaine hauteur dans la ville.
Knox utilise un grappin pour s'échapper du restaurant. Ancel indique qu'il s'agit d'un exemple de « mouvement dynamique » qui sera disponible pour les joueurs dans le jeu. Vous pouvez l'utiliser comme un outil de fuite, pour « s'enfuir d'une situation dangereuse en utilisant la verticalité de la ville. » Le verre brisé suite à la fuite de Knox, qui se plante dans le front de Zhou symbolise également la capacité de destruction de l'environnement du jeu. Pas exactement du niveau de Red Faction, mais les joueurs pourront utiliser le verre et d'autres matériaux à leur avantage.
Malgré le fait que le premier titre soit sorti il y a 14 ans, Ancel explique dans notre interview comment la série a continué à évoluer pour devenir ce qu'elle est aujourd'hui. On peut citer comme exemple la fonctionnalité en ligne à la Dark Souls introduite, qui permet aux joueurs coincés et ayant besoin d'aide d'ouvrir leur jeu à leurs amis. Pas un vrai mode coopération, mais cela donne une idée du sens de la communauté présent dans le jeu.
A la question de savoir si Beyond Good & Evil 2 peut être vu comme un concept, Ancel répond en expliquant que l'équipe Ubisoft Montpellier avait conservé les grands aspects du premier jeu. Cependant, l'industrie du jeu vidéo et les attentes du public ayant changé, des adaptations ont été nécessaires.
"Je dirais que nous avons conservé les fondements de Beyond Good & Evil 1, les personnages importants [...] et ce sentiment de liberté et d'évolution. Mais nous avons choisi d'accéder à un nouveau niveau puisque, quinze ans plus tard, la technologie a évolué, certains joueurs souhaitent s'exercer en ligne alors que d'autres continuent d'apprécier en solo une bonne histoire. L'intérêt principal était de se concentrer sur cette dernière expérience, tout en laissant la porte à demi-ouverte, qu'un joueur extérieur peut ouvrir à n'importe quel moment » affirme-t-il. « Ce n'est pas un MMO mais vous avez la possibilité de dire « ok mon pote, rejoins-moi dans la partie, je suis bloqué dans ma partie, aide-moi. » C'est un grand changement comparé à BG&1, vous pouvez permettre à vos amis d'accéder à votre jeu, ce qui est vraiment intéressant. L'autre grand changement c'est la vraie liberté. L'exploration sur les planètes, vous avez une liberté totale, allant de la visite d'un restaurant à celle de différentes planètes. Sentiment de liberté, exploration, aventure et personnages sont le concept principal. »
Durant l'E3, nous avons également pu échanger rapidement avec Gabrielle Shrager, la directrice narratif durant un voyage dans l'artwork du jeu. Elle a détaillé la mise en place et l'histoire de l'univers de Beyond Good & Evil. Elle explique ainsi que ce second épisode est une prequel, et qu'il prend place au 24ème siècle, à peu près 300 ans après notre ère. La Chine et l'Inde sont devenus deux superpuissances au 22ème siècle. Ils étaient donc à la pointe du développement technologique, et notamment de la génétique. Ils ont utilisé cette technologie pour créer des animaux hybrides.
Aujourd'hui, il utilise la technologie qui consiste en un mélange génétique pour faire des hybrides en laboratoire, mais pour des raisons éthiques, ils ne les laissent pas vivre, » explique-t-elle « mais dans le futur ils développeront cette technologie de plus en plus, et ce qui arrive est que quand nous avons décidé de coloniser l'espace pour la première fois, nous avons ciblé ce système solaire en particulier pour ces vastes profusions de ressources et nous avons créé une nouvelle forme hybride d'esclaves pour l'exploitation. Nous les avons développés en laboratoire, presque comme avec des imprimantes 3D, et ils ont été conçu pour divers choses allant de l'animal de compagnie pour enfants riches à esclaves dans les mines. Donc bien évidemment quand vous avez un immense centre de commerce interstellaire et que vous avez des esclaves, vous entrez dans une nouvelle ère de piraterie ; les esclaves tentent de s'affranchir eux-mêmes. »
Le système solaire est appelé le « System 3 », et les entreprises privées ont ciblé ce système en particulier dû au nombre de planètes habitables dans ce qu'ils appellent la « Goldilocks Zone », en plus de la pléthore de ressources récupérables. Les créatures hybrides ont été conçues pour résister aux environnements hostiles de l'espace. Hubert Chevillard, le directeur artistique du jeu, nous expliqua que même si ces esclaves hybrides ont façonné de magnifiques temples et bâtiments religieux visibles dans le trailer, ils ne sont pas autorisés à y entrer.
L'histoire se centre sur la piraterie car « elle accepte n'importe qui souhaitant faire partie de l'équipage, sans discriminations. » Les joueurs incarneront le rôle d'un pirate, « tout en bas de l'échelle sociale sans vaisseau, ni équipage, ni rien. Vous pourriez avoir un petit tuk-tuk de l'espace mais c'est tout, » déclare Guillaume Brunier senior producer. Il expliqua que l'idée générale du jeu est que le joueur passera de « personne » à « légende de l'espace ».
« L'idée est que vous puissiez créer votre propre personnage, car lorsque vous jouez en ligne il est agréable de pouvoir se différencier des autres », nous indique Michel Ancel. « Vous avez cette liberté de le façonner, et selon les rencontres dans le jeu, vous nouerez des relations différentes. Donc même si c'est la même histoire, il y aura de nombreuses manières de progresser et de la compléter. »
Un exemple d'un personnage intéressant est Knox, que Shrager décrit comme un esclave hybride mais qui a « réussi à se soustraire à son destin ». Elle n'a pas voulu en révéler trop sur le singe provocateur, mais il n'est pas trop risqué de dire qu'il s'agit juste de l'un des nombreux personnages uniques et fascinants avec lequel le joueur interagira dans le jeu. Elle continua en disant que faire tous les personnages différents était très important pour eux car ils pensent que « la véritable richesse vient des autres ». Ils veulent que les joueurs puissent aller vers les autres et apprendre leur culture, et vous en serez récompensé. Certaines de ces personnes peuvent même devenir membres de votre équipage ; un des exemples qui nous été donnés lors de l'E3 est la possibilité d'aborder un vaisseau d'esclave, et une fois à l'intérieur vous pouvez libérer un hybride. L'être nouvellement libre en sera si reconnaissant qu'il vous demandera s'il peut vous rejoindre. Les personnes que vous recruterez pour votre équipage reflètent votre expérience en tant que joueur et capitaine pirate de l'espace.
Bien que des personnages du titre original seront présents dans ce prequel, aucun d'eux ne sera jouable. « La chose importante est que l'on ne dit pas que vous ne la verrez pas [Jade], » expliqua Michel Ancel. C'est une prequel à travers les générations, nous voulions faire des personnages principaux de BG&E1 des personnages clés de cette nouvelle histoire, et il y les ancêtres, mais ils auront tout de même un rôle ». Emile Morel, lead game designer jeta quelques lumières sur cela en expliquant que certains des personnages que vous rencontrerez seront des personnages « légendaires » - ils seront reliés aux personnages du premier opus, et Dakini, la femme à la fin du trailer qui ressemble fortement à Jade, est l'une de ces « légendes ».
En plus de la diversité, l'exploration est un autre thème principal du titre. Quand nous avons parlé avec Emile Morel, il nous a dit que l'essence même de Beyond Good & Evil 2 est la notion de voyage. L'univers de Beyond Good & Evil 2 est véritablement énorme, et le joueur sera encouragé à voyager à travers ses quatre coins, afin de rencontrer le plus possible de personnages intéressants, découvrir divers lieux planétaires et environnements que le soft a à offrir.
Michel Ancel expliqué que les voyages entre les planètes seront sans temps de chargements, dans le style de No Man's Sky en quelque sorte. L'expérience dans son ensemble repose sur la capacité à voyager et explorer le vide, les chemins confinés des villes, prêter attention aux moindres détails avant de vous lancer dans l'hyperespace et vous diriger vers d'autres lieux, tous cela sans casser l'immersion. Dans notre interview, il explique que vers la fin du jeu, le joueur aura assez « de liberté et d'outils pour avancer et compléter l'histoire à sa propre manière. Il clarifie que cela n'est pas généré, mais « que le monde lui-même offre beaucoup de possibilité de finir le jeu. »
Comment la majorité du jeu se joue reste très flou. Michel Ancel a confirmé par certains messages sur Intagram qu'il sera à la troisième personne, avec un mode caméra à la première personne similaire au premier opus qui sera vitale pour les positions de communications. Le jeu explorera aussi les origines du System 4, le cadre du premier numéro, en plus de nombreuses zones cachées, de places à découvrir pour ceux qui veulent tous débusquer.
Qu'attendez-vous de Beyond Good & Evil 2, dont la date de sortie reste encore totalement inconnue ?