On est désormais rompus à l'affrontement annuel que se livrent à distance FIFA et PES. Cela fait plus de 25 ans que ça dure, chacun ayant eu son moment de gloire. Mais si les simulations de football sont abouties dans l'ensemble, il manque aux amateurs de ballon rond un divertissement arcade de référence depuis bien longtemps. C'est notamment pour cela que beaucoup d'entre nous attendions avec plus ou moins d'impatience Captain Tsubasa: Rise of New Champions, le jeu vidéo de l'animé éponyme (même si le Club Dorothée l'avait rebaptisé Olive et Tom, un nom qu'il a longtemps conservé chez nous).
Sans surprise, dès la prise en mains on s'aperçoit ici qu'on est loin des titres sportifs d'EA Sports et Konami. Les fondamentaux de la discipline sont certes respectés, que ce soit dans l'exécution des passes (courtes ou transversales), les tirs ou les tacles. La caméra se positionne latéralement comme lors d'une retransmission télévisée classique, et on a même une petite représentation du rectangle vers au centre de l'écran, en guise de radar pour nous indiquer où se situent nos joueurs. On a enfin à notre disposition différentes possibilités tactiques, selon que l'on soit davantage partisan du football total ou du catenaccio.
Un réalisme (non recherché) qui se perd très vite devant les aptitudes spéciales que possèdent les protagonistes du manga culte. Certains ont même des spécificités qui leur sont propres ; là où notre Tsubasa Ōzora (Olivier Atton pour les incultes) ou encore Kojirō Hyūga (oui, son rival Mark Landers) seront capables de déclencher des frappes imparables, les défenseurs et autres gardiens de la trempe de Manuel Neuer (le Thomas Price du Bayern) seront en mesure de rendre la pareille en actionnant une aptitude relative à leur poste. Tout ceci étant évidemment limité et à utiliser avec bon sens...
En pratique, Rise of the New Champions fonctionne beaucoup comme un jeu de pierre/feuille/ ciseaux, dans le sens où certains mouvements en annulent d'autres. Par exemple, si l'attaquant et le défenseur appuient sur les mêmes boutons de dribble (R1/RB ou R2/RT), le défenseur récupérera systématiquement le cuir. Cependant, s'ils appuient sur des boutons différents, c'est le joueur offensif qui sera favorisé.
Il est beaucoup question d'endurance et de gestion de sa barre d'énergie ici. Chacune des deux équipes en dispose d'une se remplissant au fil du match. Une fois pleine, on peut activer la mécanique dite de V-Zone, qui accorde un bonus à l'attaque ou à la défense. Une mécanique indispensable pour prendre le dessus sur l'adversaire. Un tir « classique » même à bout pourtant aura énormément de mal où trouver le chemin des filets, c'est pourquoi il faut frapper à bon escient. Quoique répéter les tentatives fatiguera également le portier d'en face, donc il ne faut pas vous priver de prendre votre chance non plus. Après, il faut bien l'avouer : un shoot spécial bien exécuté fait souvent mouche, de même qu'une parade du goal du reste, voire d'un geste défensif de classe mondial du reste (aucune garantie toutefois dans ce dernier cas de figure).
Pour effectuer ces fameux coups spéciaux, vous devrez maintenir le bouton de tir enfoncé pendant plusieurs secondes. Ce qui ne s'avère pas aussi facile qu'il n'y paraît puisque vous devrez vous rapprocher de la surface de réparation adverse tout en évitant les tentatives de tacles parfois très limite... En ce sens, il est important de vous assurer que vous pouvez créer des situations dans lesquelles votre attaquant sera dans les meilleures dispositions pour préparer son tir, avec des dribbles ou en multipliant les passes. Joueur collectivement permet d'ailleurs de remplir plus facilement la jauge de V-Zone. A vous donc de bien prendre l'information avant de vous lancer dans des raids solitaires, ou de temporiser le cas échéant...
Pour être tout à fait honnête, après avoir pris le pli et saisi les subtilités de gameplay, c'est plutôt divertissant. Mais malheureusement très (très) vite répétitif, les mécaniques n'étant pas des plus variées. Heureusement, Bandai Namco a vraiment respecté l'essence de l'œuvre créée par Yoichi Takahashi au début des années 1980. Et ça permet de fermer les yeux sur certains défauts de gameplay criants.
Les fans du manga se lanceront sans doute avec excitation dans les campagnes solos proposées par Rise of New Champions. On peut vivre au choix celle de notre enfance/adolescence, en incarnant Captain Tsubasa himself. Ou alors incarner un avatar créé pour l'occasion et ainsi s'approprier totalement l'expérience. Dans les deux cas, notre progression est scénarisée, que ce soit en dehors du terrain durant nos interactions avec nos amis/coéquipiers, ou sur le rectangle vert où l'on devra récréer certains moments de l'animé.
Evidemment, incarner Olivier Atton (Captain Tsubasa pour les puristes donc) vous conduira vers une narration plus convenue, dans le souci de respecter son parcours originel. Ses fameux souvenirs se déclencheront assez régulièrement pour que vous compreniez mieux les motivations et la détermination qui l'habitent. Donc à vous de voir quelle type carrière vous voulez suivre, même si on sait que vous ferez les deux campagnes de toutes les façons...
En plus du mode Histoire, Captain Tsubasa: Rise of New Champions permet comme on s'y attend de jouer contre un adversaire humain, en local comme en ligne. Avec un menu d'entraînement bienvenu pour répéter ses gammes. Un système de pack de cartes est également de la partie. Celles-ci vous permettront de renforcer les caractéristiques des joueurs, ou leur lien avec leurs coéquipiers. Pour obtenir des packs, vous aurez besoin de "PP", qui est la monnaie du jeu en quelque sorte. Reste maintenant à savoir si on pourra se renforcer plus rapidement en dépensant de l'argent réel, nous n'avons pas pu vérifier par nous-même si le titre contenait ou non des microtransactions...
Après de nombreuses heures passées sur le jeu, pas toujours enthousiasmantes mais agréables tout de même, on ne peut pas vous le recommander sans vous mettre en garde. Oui, il s'agit d'un jeu arcade et on en manque cruellement depuis de trop nombreuses années. Oui, vous retrouverez l'ambiance de l'animé si cher aux footeux. Mais sachez que si vous n'êtes pas un fan inconditionnel de l'univers Captain Tsubasa (Olive et Tom, on a compris !), ce Rise of New Champions risque de vous laisser sur votre faim, voire de vous saouler après une ou deux rencontres. Pour tous les autres, ceux qui ont lu le manga et pas seulement profité de l'animé dans leur jeunesse ou plus récemment sur le tard, il y a matière à prendre du plaisir...