Français
Gamereactor
tests
Detroit: Become Human

Detroit : Become Human

Dans un futur dominé par la technologie, avons-nous vraiment le choix ?

Subscribe to our newsletter here!

* Required field
HQ
HQ

L'idée que l'homme puisse créer la vie avec des androïdes et des IA sensibles aux émotions, a toujours été un sujet de science-fiction passionnant. Cela depuis le personnage de Deckard dans Blade Runner de Ridley Scott. Quantic Dream a l'habitude depuis plusieurs années de développer des jeux avec une profondeur scénaristique comme Heavy Rain ou Beyond : Two Souls. Cette année, ils ont publié une cinématique introduisant un univers futuriste, se déroulant dans une vingtaine d'années, où l'humain aura dominé la technologie, enfin dans la mesure où elle sait créer des androïdes à l'allure humaine convaincante. Bienvenue dans Detroit : Become Human.

La vision du futur proposée par le studio est suffisamment proche de la réalité actuelle pour être crédible. L'histoire suit les événements entremêlés de trois androïdes dans différents backgrounds. Chacun d'entre-eux atteint une prise de conscience sur eux-mêmes, des questions existentielles qui les interpellent alors le monde autour d'eux menace de s'effondrer. Le scénario est révélé doucement à travers différents éléments, comme des reportages ou des magazines qui dépeignent un sombre portrait de la situation.

La structure du jeu détonne, on se demande vite si on a un nouveau grand classique de Quantic Dream dans les mains. Pourtant le début du jeu est rapide, presque trop. On rentre peu de temps après une entrée en matière trop courte dans le vif du sujet, au point que certains éléments du scénario ne soient pas entièrement développés : on reste sur notre faim. Markus, un de nos protagonistes androïdes, livre pendant toute la narration un discours engageant à ses semblables synthétiques pour planter les graines d'une résistance qui n'aura au final que peu d'impact.

Ceci est une annonce:

Les critiques peuvent pointer du doigt les phases de QTE, mais il faut être réaliste, ce genre d'expérience, avant tout visuel, ne laisse que peu d'autonomie aux joueurs. L'action est avant tout cinématographique avant d'être frénétique. Le but n'est pas d'enchaîner les boss ou les headshots (bien que certains événements soient explosifs), mais de prendre du plaisir devant la fluidité des images.

Detroit: Become Human

Détroit n'est pas que du QTE cependant. Quantic Dream a bien mélangé les choses tout au long de la campagne. Il y a des scènes d'interrogation, des séquences de poursuite, des scénarios de combat, et beaucoup, beaucoup d'options de dialogue ! De plus, le studio a ajouté de la texture au monde et vous serez régulièrement appelé à interagir avec les choses via un glissement de touchpad par ici ou un coup de stick analogique par là. Certaines personnes vont trouver superflues des actions les plus insignifiantes du jeu, mais nous n'avons jamais eu l'impression qu'il y avait trop de travail à faire et la plupart de nos interactions nous ont semblé nous relier plus profondément à l'histoire.

Il y a quelques mécaniques intéressantes qui conviennent parfaitement au décor. S'appuyant sur la technologie AR, qui a vu Norman Jayden scanner des scènes de crime dans Heavy Rain, les androïdes de Detroit peuvent passer à un filtre visuel secondaire où le temps s'arrête et où certains points d'intérêt sont signalés. Le chasseur de déviant, Connor, en profite le plus et l'analyse des choses qu'il découvre peut donner des indices pour faire avancer l'histoire. Plus intéressant encore, c'est le mécanisme qui lui permet de simuler des événements en fonction de la preuve qu'il découvre, lui permettant de visualiser les événements à la Batman. Markus, le rebelle a une autre capacité qui lui permet de simuler un trajet dans l'environnement et de planifier ses mouvements. Vous pouvez tracer un parcours à travers un terrain difficile et ensuite lui faire exécuter ce plan à la perfection pendant que vous le regardez. Un moment cinématographique à savourer.

Ceci est une annonce:
Detroit: Become HumanDetroit: Become Human

Detroit met l'accent sur les émotions qui définissent les relations entre vous et les personnages que vous rencontrez. À partir du moment où vous prenez le contrôle d'un des trois protagonistes (Connor, Markus, et Kara) vous obtenez des informations sur la façon dont les gens vous perçoivent. Une façon astucieuse de décider de la meilleure manière de les aborder. Chacune des trois histoires narratives sont indépendantes et totalement différentes, mais se croisent parfois. Connor, par exemple, est un modèle haut de gamme programmé pour traquer les androïdes déviants et cet objectif l'amène à croiser les chemins de Kara et Markus. Kara est d'ailleurs une femme de ménage en fuite d'un propriétaire violent, tandis que Markus devient conscient de soi et travaille ensuite à inspirer la révolution et la rébellion parmi ses frères synthétiques.

Plusieurs personnages ont le potentiel d'avoir un impact important au fur et à mesure que l'histoire progresse, mais Quantic Dream est également prêt à les laisser mourir, ce qui rend l'action parfois tendue. Il y a toujours la peur qui se cache derrière le fait qu'un faux pas pourrait être un désastre. Nous avons réussi à garder tout le monde en vie (presque) lors de notre première session, mais pendant la seconde, nous voulions jouer vite et bien et nous avons perdu quelques personnages clés en cours de route. L'un d'entre eux, un PNJ avec un rôle assez important à jouer, est mort de façon plutôt inattendue au cours d'une séquence que nous ne gâcherons pas. Une autre série d'événements a aussi vu l'un de nos personnages principaux se retirer tôt... Quand nous avons creusé encore plus profondément, nous avons découvert que même les personnages principaux peuvent être coupés de l'histoire très tôt, bien que vous deviez vraiment foirer les choses pour un résultat aussi catastrophique.

HQ
Detroit: Become HumanDetroit: Become Human

Nous prédisons que beaucoup de joueurs suivront des chemins similaires lors de leurs premiers essais, exécutant les moments clés de l'histoire que Quantic Dream a prévus pour eux. Cependant, il y a encore assez de variations potentielles à travers l'histoire pour que deux personnes aient des expériences assez différentes sans aller à des extrêmes. Il suffit de rater un gros indice et des histoires similaires vont commencer à diverger. Nous avons découvert des séquences entières d'action sur notre deuxième passage que nous avions accidentellement sautées sur la première. Plus faciles à manquer, ce sont les petits détails qui ouvrent des options de dialogues supplémentaires et il y a beaucoup d'indices subtils cachés pour les joueurs à découvrir. Trouver ces petits indices ouvrira potentiellement de nouvelles conversations et vous permettra de mieux connaître les autres personnages. Kara peut par exemple parler à de nouveaux amis rencontrés lors de son voyage pour échapper à son passé, tandis que Markus a un entourage de personnages qui l'aimeront mieux s'il suit le chemin de liberté qu'ils aspirent.

C'est le partenaire d'entraînement de Connor, le lieutenant Hank Anderson, qui caractérise peut-être le mieux cette approche des détails subtils et des options de dialogues approfondies. Mieux vous le connaîtrez, plus il s'ouvrira à vous au fil du temps et la relation entre ce flic endurci et son partenaire androïde est l'un des points clés du jeu. Clancy Brown offre une performance exceptionnelle en tant que lieutenant de police aux tempes grisonnantes, travaillant en dehors de sa zone de confort. Le contraste entre l'androïde cool et le vieux détective est un régal. Le casting est totalement réussi.

Le jeu d'acteur était également bon dans Beyond : Two Souls. Ici, c'est la qualité de l'histoire et du décor qui élève Detroit au-dessus de son prédécesseur. Les thèmes explorés dans ce récit en trois volets sont puissants. Celui, de l'esclavage et celui de la violence domestique, sont traités avec soin et avec des scènes lourdes et difficiles à regarder sans avoir envie de réagir. Quantic Dream traduit ici un jeu mature fait par et pour des adultes. Cette intensité est présente dès le début de l'histoire et elle se poursuit à travers le récit jusqu'à la toute fin, même si, d'après les crédits, vous avez probablement vu les événements se dérouler plus ou moins à votre satisfaction.

Detroit: Become HumanDetroit: Become Human

Si ce n'est pas le cas, vous pouvez toujours revenir en arrière et rejouer le jeu avec un état d'esprit différent. Peut-être que votre premier Markus était un manifestant pacifique et votre deuxième un révolutionnaire trop violent. Si votre premier Connor lutte intérieurement avec son rôle dans le département de police, peut-être que votre second sera un chasseur d'androïdes au cœur froid. Peut-être préféreriez-vous jouer votre deuxième Kara comme une voleuse prête à tout pour survivre, alors que votre première restera caché timidement dans l'ombre. Il y a beaucoup de profondeur dans chaque personnage que les joueurs ont l'occasion d'explorer. Vous pouvez vraiment pousser le jeu à ses limites si vous êtes le genre de joueur qui veut voir absolument tous les résultats imaginables.

Dans l'ensemble, nous avons passé plusieurs soirées de qualité avec Detroit : Become Human. L'expérience utilisateur n'est cependant pas parfaite, les caméras à moitié fixes peuvent produire des angles frustrants de temps en temps. Le rythme de l'histoire n'est pas sans faille non plus, mais étant donné la structure du jeu et la variété offerte, nous sommes prêts à faire avec. La structure du jeu est impressionnante et met en scène des visuels époustouflants, bourrés de choses intéressantes à découvrir. À ce jour, on peut le considérer comme le meilleur jeu produit par le studio, et une nouvelle grande exclusivité pour Sony et la PlayStation 4. Si vous aimez les aventures narratives et interactives, vous avez tout intérêt à y jeter un œil !

HQ
Detroit: Become HumanDetroit: Become HumanDetroit: Become Human
09 Gamereactor France
9 / 10
+
Super cadre et une histoire fascinante, des personnages intéressants, beaucoup à découvrir et des résultats alternatifs à explorer. Graphiquement beau.
-
Quelques problèmes de rythme et d'angle de caméra
overall score
La moyenne de Gamereactor. Quelle note lui attribueriez vous? La moyenne est établie à partir des notes accordées par les différentes rédactions européennes de Gamereactor

Sur le même sujet



Chargez le contenu suivant