Keep Driving

"Le film parle d'un homme qui roule dans sa voiture en écoutant de la musique pop". Ce sont apparemment les mots qui ont convaincu Ryan Gosling que Nicholas Winding Refn devrait réaliser Drive lorsque Gosling a raccompagné Refn chez lui après ce qui semble être une première rencontre gênante. Conduire une voiture et écouter de la musique est une expérience très spéciale qui peut être très puissante. La nostalgie et la mélancolie peuvent t'envahir, ainsi que des souvenirs d'enfance et de jeunesse, d'amour et de regret, mêlés à l'anticipation, à la peur et à l'espoir en l'avenir. Ou peut-être s'agit-il simplement d'un répit où tout ce que tu as à faire, c'est de rester calme et de garder les yeux sur la route. Les mains sur le volant, les tonalités des haut-parleurs, le reflet des lampadaires sur le capot, le rythme hypnotique des essuie-glaces...

Nous, les joueurs de jeux vidéo, sommes des nostalgiques. La génération précédente de jeux et de consoles a à peine été abandonnée que nous mettons nos lunettes roses et rêvons à une époque plus insouciante et plus simple avec de meilleurs jeux. Keep Driving est l'une des expériences de jeu les plus nostalgiques que j'ai vécues, non seulement parce qu'il ressemble à un vieux jeu, mais aussi parce qu'il se déroule à une époque dont je n'étais pas encore prêt à être nostalgique : les années 2000 - est-ce que ça fait vraiment si longtemps ?

En tant que jeune homme de 20 ans au début des années 2000, tu as ta première voiture et une lettre d'un ami qui te dit de venir à un festival de musique à l'autre bout de la Suède, et en peu de temps, tu conduis à travers la campagne avec de l'indie pop à fond dans les haut-parleurs. Tu dois ralentir car un tracteur se faufile devant toi. Tu le dépasses, mais tu dois freiner pour éviter une vache sur la route - ou un troupeau de moutons, ou tu te fais arrêter par la police, ou un arc-en-ciel te distrait à l'horizon. Oui, faire un voyage en voiture n'est pas de tout repos. Heureusement, en chemin, tu rencontreras aussi un certain nombre d'auto-stoppeurs que tu pourras prendre et qui pourront à la fois t'aider dans ton voyage, mais aussi le rendre imprévisible.

Keep Driving est un RPG de gestion des ressources avec des éléments de roguelike enveloppés dans un magnifique pixel art et une musique indie tout aussi magnifique. On peut peut-être le décrire comme un mélange entre The Oregon Trail et Darkest Dungeon, mais dans un cadre complètement différent, bien sûr. La boucle du jeu se déroule plus ou moins comme décrit ci-dessus. Tu sélectionnes le prochain arrêt sur la carte et tu accélères. En cours de route, tu risques de rencontrer ce qu'on appelle des événements routiers, où une sorte de système de combat au tour par tour entre en jeu. Ces événements peuvent affecter quatre ressources différentes : l'essence, l'usure de la voiture, l'énergie et l'argent. Ces ressources sont représentées par des icônes de différentes couleurs disposées en séquence. À chaque tour, tu peux utiliser différentes capacités ou objets pour supprimer une ou plusieurs icônes. Une fois que toutes les icônes ont été supprimées, tu peux continuer ton voyage. C'est relativement simple, mais aussi très monotone. Il est amusant que les "batailles" soient des tracteurs et des moutons sur la route plutôt que des monstres dans une grotte, mais comme tous les événements sont essentiellement réduits à des icônes de couleur, ce que chacun prétend être n'a pas vraiment d'importance. C'est la même chose, et ce ne sont pas des batailles passionnantes. Au contraire, elles peuvent devenir un peu ennuyeuses.

En cours de route, tu t'arrêtes à différents endroits. Il peut s'agir d'une station-service isolée ou d'une grande ville. Selon l'endroit, tu as la possibilité d'acheter des fournitures, d'améliorer ta voiture ou d'accepter des emplois pour gagner un peu d'argent. Plus important encore, il y a une variété d'auto-stoppeurs à prendre. Ceux-ci ont soit leur propre destination, soit ils veulent simplement partir à l'aventure dans le monde. Selon les itinéraires que tu suis et les tâches des auto-stoppeurs que tu acceptes, il y a neuf fins différentes que j'ai pu compter, chacune d'entre elles prenant quelques heures à atteindre.

C'est une assez bonne valeur de rejouabilité pour un jeu indépendant, mais malheureusement le gameplay lui-même est trop monotone et ennuyeux, et garder la trace des différentes ressources peut également être difficile et un peu stressant. Cependant, entre chaque partie, tu peux conserver les améliorations apportées à la voiture et tu peux également rendre le jeu un peu plus facile en choisissant la qualité des relations que le personnage entretient avec ses parents. Si la voiture tombe en panne et que tu n'as plus d'argent, tu peux appeler tes parents. Il y a un certain pourcentage de chances qu'ils décrochent le téléphone en fonction de la qualité de votre relation et du nombre de fois que vous avez déjà appelé. S'ils ne décrochent pas, eh bien, le voyage est terminé et la partie est perdue.

Comme je l'ai dit, le jeu est relativement monotone et vraiment très ennuyeux dans sa boucle de gameplay. Si je le recommande, c'est parce que Keep Driving est avant tout un jeu de "vibrations", et tu sauras si tu es en phase avec cela après avoir regardé la bande-annonce. Les graphismes en pixel art sont magnifiques et la bande-son met en scène quelques groupes indépendants suédois dont je n'avais jamais entendu parler auparavant, mais qui sont en boucle dans mon application musicale depuis lors.

Si, comme moi, tu verses une petite larme de nostalgie au souvenir d'un road trip que tu as fait avec tes potes, alors tu devrais absolument jeter un coup d'œil à Keep Driving. C'est un petit bijou de jeu qui est malheureusement, probablement, trop ennuyeux à jouer si tu n'arrives pas à "vibrer" avec lui.