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Call of Duty: Modern Warfare Remastered

Pourquoi Modern Warfare reste à ce jour le meilleur Call of Duty

Une merveille signée Infinity Ward qui n'aura jamais été égalée par la suite, la série perdant peu à peu ses lettres de noblesse...

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Si la franchise CoD a quelque peu perdu de sa gloire d'antan, il faut se rappeler que Call of Duty a été un excellent jeu par le passé, voire une source d'inspiration. Le premier épisode (2003) avait on s'en souvient été très bien accueilli par la critique à sa sortie et présenté comme une sorte de Medal of Honor version « killer ». Une série sur laquelle des développeurs clés du studio avaient travaillé du temps où ils officiaient chez EA, avant de créer leur nouveau studio et trouver refuge auprès d'Activision. Cependant, c'est avec Call of Duty 4 : Modern Warfare - l'épisode préféré par de nombreux joueurs - qu'ils auront véritablement su marquer les esprits, secouant le monde du FPS et en redéfinissant par la même occasion certains codes...

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Pour répondre au monstre de guerre, EA a même du un temps dépoussiérer la licence Medal of Honor, s'en inspirant volontiers au passage, peut-être même excessivement. Ce qui a donné naissance à deux titres de piètre qualité dont personne ne se souvient aujourd'hui. La série Battlefield de DICE s'est également aventurée sur ce terrain-là, avant de revenir rapidement (à raison) à son essence. Même Halo 4 aura été influencé, en offrant notamment des récompenses pour les killstreaks sous la forme d'armes plus puissantes ou en intégrant des loadouts personnalisables...

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Mais en quoi Call of Duty 4 : Modern Warfare était-il si révolutionnaire ? Pourquoi se démarquait-il autant du troupeau ?

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Le jeu était tout simplement excellent, accessible à une majorité de joueurs et plébiscité par la presse. En dépit de critiques relatives à la durée du mode solo (comme toujours). La série des Call of Duty étant connue pour ne jamais trop remanier sa formule, on peut alors se demander pourquoi ni Infinity Ward, ni Treyarch, ni Sledgehammer n'ont réussi à égaler cette quatrième itération.

Nous pensons que cela est surtout dû à la capacité qu'a eu Call of Duty 4 : Modern Warfare à moderniser le «shooter réaliste». L'introduction et la façon dont l'histoire est amenée ont permis aux joueurs de s'en imprégner, d'emblée. Les événements décrits dans Modern Warfare étaient par ailleurs relativement proches de l'idée que certains pouvaient se faire de la réalité des combats au Moyen-Orient, en particulier en comparaison directe avec les opus qui ont suivi. Le conflit central dans le jeu était immédiatement devenu palpable et compréhensible pour les joueurs. Le titre proposait dès le début une scène d'introduction très réussie dans laquelle le président (fictif) saoudien Yasir Al-Fulani est exécuté en direct à la télévision, accusé par ses bourreaux d'être un partisan du monde occidental et de ne veiller qu'à son enrichissement personnel. Avant cela, on nous montre également la vision d'un pays à feu et à sang où des civils sont tués dans la rue...

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Le coté ultra réaliste du jeu se reflétait également dans son gameplay. Dans la mission de formation, Infinity Ward indiquait clairement qu'il ne s'agissait pas ici d'un jeu d'arcade, nerveux et chaotique, mais un jeu dans lequel il fallait prendre son temps et se mettre méthodiquement à couvert pour pouvoir progresser sur le champ de bataille. Les ennemis n'étaient pas des aimants attirant les balles sur lequel nous devions vider nos chargeurs, il suffisait de les toucher avec ou une deux balles pour les éliminer et leur réactions à nos coups de feux étaient réalistes. Cette vulnérabilité a également été étendue au joueur lui-même, en particulier dans les niveaux de difficulté plus élevés, où vous étiez aussi vulnérable que vos ennemis. Cette vulnérabilité contribuait à accentuer le coté réaliste et rendait les combats excitants et incertains.

Les personnages nous étaient présentés dans le même esprit. La plupart du temps, les développeurs font en sorte que l'on s'attache aux personnages par le biais de petites scènes intimistes où l'on en apprend plus sur leur histoire personnelle (Infinite Warfare propose par exemple ce genre de choses pour que le joueur se lie plus facilement d'amitié avec ses compagnons de guerre), il n'y a rien de tout cela dans CoD 4 : Mordern Warfare. Il n'y a aucune scène où le capitaine Price, Gaz et John Soap se retrouvent par exemple calmement assis, sirotant un café entre deux missions, parlant de leurs enfants qui les attendent à la maison ou des résultats de leur équipe de foot favorite...

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Le capitaine Price est surement le personnage le plus emblématique de la série, et ce sans que nous ne sachions quoi que ce soit sur lui ou sur sa vie personnelle. Il parait pourtant toujours parfaitement authentique. Il va de même pour l'ensemble de l'équipe, on ne les perçoit jamais comme un groupe de baroudeur fictifs. Ils nous inspiraient du respect, peut-être parce que c'étaient avant tout des professionnels, des hommes déterminés et prêts à risquer leur vie pour accomplir leur mission. La façon dont ils se parlaient entre eux et dont ils parlaient au joueur sonnait juste et quand ils se retrouvaient en difficulté, aucun d'eux ne faisait de mauvaises blagues dans le genre « on ne rentrera pas à la maison pour diner » ou ne fanfaronnait du genre « on a toujours aimé le défi de toute façon !". Le conflit n'était jamais banalisé. Cela apportait aussi de la tension lors des missions, lorsque les personnages ne sont pas caricaturaux, ils ont l'air plus réels et donc plus vulnérables. Le joueur se rendaient compte qu'il était peu probable que tout le monde s'en sorte sain et sauf et cela rendait chaque mission plus mémorable.

MW était aussi un jeu assez culotté lorsqu'il s'agissait de faire mourir ses protagonistes phares. Le soldat Paul Jackson, que le joueur contrôle du côté américain du conflit, est par exemple tué dans une explosion nucléaire à mi-parcours, une scène qui est devenue culte en raison de son caractère choquant et imprévisible. Infinity Ward nous a donné le bref espoir que notre personnage avait survécu à la catastrophe car on l'a vu s'extirper en rampant de la carcasse de l'hélicoptère et pendant une minute on se rendait compte de l'enfer que l'on devait affronter désormais complètement seul.

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Les joueurs se souviennent presque tous de la façon dont les tragédies se déroulaient dans le jeu. Lorsque Jackson est mort subitement, le jeu continue sans fanfare et on ne savait plus du tout à quoi nous devions nous attendre. Est-ce que nous allions nous en sortir ? Quand, vers la fin, Gaz prend une balle en pleine tête, il n'y a pas de scène finale où on retrouve le cliché du héros mort en nous sauvant la vie, il ne meurt pas dans nos bras en pleurant ... On voit au loin comment il se retrouve en position délicate et qu'il va finalement le payer de sa vie. L'absence de la «séquence émotion» typique ne rendait pas la scène moins forte, au contraire car elle paraissait tellement sincère, tellement réelle....

La modération est donc la clé du succès. Restriction et subtilité faisaient partie de la philosophie qui a fait de The Last of Us un chef-d'œuvre, quelque chose de beaucoup plus qu'un simple jeu ou on dégomme des zombies. Modern Warfare ne proposait pas de rebondissements ou des scènes chocs toutes les 15 minutes. Il y avait des éléments du jeu qui venait casser le rythme de l'action pendant un certain temps, on se souvient notamment du fameux AC130-track. Le personnel à bord de cet avion était presque indifférent et nonchalant face à la scène apocalyptique qui se déroulait au sol. Il n'y a pas d'excitation dans leur voix quand ils confirmaient que leurs bombes avaient bien atteint la cible, rien de plus qu'une journée typique de boulot pour eux, et tout semblait, encore une fois, incroyablement réaliste.

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Et nous n'avons même pas mentionné la mission légendaire "All Ghillied Up", où vous teniez le rôle du jeune capitaine Price, lequel infiltre alors avec son supérieur une sorte de Tchernobyl contrôlée par l'ennemi, seuls avec juste des fusils de sniper silencieux et leur tenue de camouflage. Tout d'un coup, il fallait verrouiller intelligemment les cibles qui devaient être neutralisées et celles qu'on pouvait laisser en vie en passant discrètement sans qu'elles ne nous voient. Lorsque vous étiez surpris par l'arrivée d'un convoi de soldats lourdement armés, vous n'aviez d'autres options que de rester allongé dans l'herbe, espérant qu'ils ne remarqueraient pas votre présence, une scène pleine de tension qui modifiait efficacement le rythme.

Depuis la sortie de Call of Duty 4 : Modern Warfare, les titres suivants ont juste cherché à peaufiner ce qui a été fait en 2007. Nous avons vu des personnages dont on tenait le rôle mourir de façon atroce (la scène la plus mémorable est sans doute celle ou le général Shepard brûle Roach et Ghost dans Modern Warfare 2), mais tout cela est devenu partie intégrante de ce qu'on attend désormais de ce genre de jeux, parce que c'est comme ça, tout est toujours plus efficace la première fois. Les répétitions rentrent rarement dans l'histoire et l'ajout de jetpacks et d'ennemis robotisés ne constituent pas vraiment "l'innovation" dont la série a besoin pour surpasser Modern Warfare...

Bien sûr, nous ne devons pas oublier l'importance que le mode multijoueur a eue dans le succès du jeu. Nous avons déjà fait référence aux killstreaks, aux loadouts et les killcams du jeu qui ont été repris par les autres franchises, mais nous sommes absolument convaincus qu'il est possible de résumer ce succès en un seul mot : la simplicité. Si on compare avec les jeux plus modernes de la série, on nous offrait peu de possibilité de modifier l'équipement que nous avions pris avec nous dans nos missions, mais c'était pourtant suffisant. Vous ne pouviez pas équiper vos armes de plus d'un accessoire à la fois et il n'y avait pas cinq types différents de grenades mortelles ou cinq options tactiques différentes. Il y avait juste ce qu'il faut, c'est à dire trois killstreaks.

Avec Modern Warfare, Infinity Ward a réalisé que la complexité n'est pas synonyme de profondeur, le spectacle pompeux ne débouche pas nécessairement sur de l'intensité dramatique. Il faut savoir rester sobre. C'est quelque chose que les développeurs de Call of Duty semblent depuis avoir perdu de vue. Dommage !

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